On m’a parfois demandé comment j’avais fait pour écrire un roman de A à Z. Voici les trois choses qui, selon moi, m’ont permis de mener jusqu’au bout le projet Angélique Hacker, de la conception des personnages à la publication du livre.
Avoir suffisamment préparé le projet
Cela m’est déjà arrivé sur plusieurs projets d’écriture, et notamment un roman : j’avais une idée que je trouvais géniale, j’avais des personnages, une ébauche d’intrigue, des images dans ma tête… et c’était tout. Le scénario n’était pas assez développé, l’idée incomplète, l’univers encore bancal. J’ai commencé à écrire… puis j’ai abandonné. Je ne trouvais plus rien à écrire. Non pas comme une page blanche : j’ai eu à de nombreuses reprises, y compris pour Angélique Hacker, des difficultés pour trouver comment avancer d’une péripétie à une autre ou comment entamer un chapitre, mais ces problèmes finissaient par se résoudre. Cette fois, c’était plutôt comme si le roman n’avait rien du tout à raconter. L’idée avait perdu de son intérêt.
Morale de l’histoire : un roman terminé est un projet qui a demandé non seulement de très nombreuses heures d’écriture, de réécriture, de correction, de mise en page… mais aussi un temps colossal de réflexion, de recherche d’idées, de rédaction de fiches, d’élaboration des personnages jusque dans des détails qui n’apparaîtront jamais dans l’histoire et de conception d’une intrigue pas à pas jusque dans la description complète de la moindre liaison entre deux péripéties. Élaborer un roman prend beaucoup de temps, aussi bien pour sa rédaction que pour toutes les autres tâches nécessaires.
Avoir « l’écriture dans l’âme »
Je risque peut-être de décevoir les plus poétiques d’entre vous qui voudraient voir un talent pour l’écriture dans chaque personne. Non, je ne pense pas que tout le monde soit fait pour écrire. Tout le monde peut écrire, mais concevoir un roman de A à Z demande bien plus que de faire courir un crayon sur une feuille. N’importe qui peut rédiger une petite histoire, une nouvelle, un poème, un journal intime… pour s’amuser. Mais peu d’entre nous affrontent tous les mauvais côtés et les inconvénients de cette activité. Tout le monde n’est pas fan de cuisine, de bricolage ou de jardinage. Certaines personnes aiment coder des applications, d’autres préfèrent créer des bijoux, d’autres encore veulent plutôt photographier des paysages.
Ce n’est pas lorsque écrire vous fait du bien mais lorsque ne pas écrire vous fait du mal que l’écriture est votre mission. Ce n’est pas lorsque vous avez une idée d’histoire mais lorsque vous êtes prêt·e à mettre les mains dans le cambouis du HTML pour mettre en forme votre livre numérique, alors que vous n’avez jamais appris à coder autrement qu’en C, que l’écriture est votre vocation. Ce n’est pas lorsque vous avez terminé un chapitre mais lorsque vous relisez le même passage pour la énième fois sans broncher que l’écriture est votre passion. J’aime bien cuisiner (surtout des gâteaux…), mais si je suis satisfaite quand mon plat est réussi, je me décourage assez vite lorsque la recette ne fonctionne pas et n’ai pas la motivation de trouver une solution. Je suis capable de cuisiner, mais j’ai admis que la cuisine n’était pas spécialement ma passion. Pour l’écriture, c’est la même chose : vous pouvez écrire, mais de là à rédiger un roman en entier, on est face à un gouffre. La bonne nouvelle, c’est que tout le monde n’a pas à devenir écrivain·e comme tout le monde n’a pas nécessairement à devenir pâtissier·ère !
Trouver du soutien ou du temps
Écrire un roman demande d’abord un support d’écriture : un cahier et un crayon ou un ordinateur. Ensuite, des idées : des personnages, une intrigue, un univers… Puis un certain talent d’écriture et beaucoup de motivation comme expliqué plus haut. On pourrait croire que cela suffit (et cela fait déjà beaucoup !). Pourtant, à mes yeux, une chose encore pourra avoir une grande influence sur votre capacité à mener ce projet à bien : un environnement favorable.
La motivation se trouve aussi bien à l’intérieur de soi qu’à l’extérieur : comme je l’ai dit plus haut, vous avez besoin d’une certaine vocation et surtout d’une réelle envie pour mener une tâche à bien ; mais l’entourage joue un rôle majeur sur votre niveau de motivation. En effet, comment écrire si personne ne vous soutient, ne croit en vous, ne vous encourage, ne vous félicite ? Certaines personnes arrivent à se motiver sans l’aide des autres, mais elles sont relativement rares. Pour les autres, la difficulté vient du fait qu’aujourd’hui, le métier d’écrivain·e est sous-évalué. Que faire quand la société entière vous crie que votre activité n’est « qu’un hobby et pas un travail » ? L’impératif est de parvenir à dégager suffisamment de temps pour travailler à votre roman dans votre coin et trouver l’énergie de le terminer sans cette force incroyable qu’une réelle approbation peut apporter. Un travail en soi, non négligeable dans le processus de rédaction d’un roman.
Voici comment j’ai ressenti les choses lors de l’écriture d’Angélique Hacker. J’espère que cette petite excursion dans mon processus de rédaction vous aura intéressé·e·s !
À très vite !
Sarah T.