Quand on vous dit « fantasy », qu’est-ce qui vous vient en premier à l’esprit ? Les fans de ce genre le savent bien, le schéma archétypal de la fantasy est un groupe d’aventurier·ère·s composé d’un jeune homme à l’épée, d’un mage, d’un soigneur (on parle fréquemment de healer), d’un archer (elfe, généralement), etc. Pourtant, énormément d’œuvres de fantasy ne suivent pas ce schéma. Ce dernier tiendrait-il plus du mythe ? On ne le retrouve guère que dans Le Seigneur des Anneaux, les parodies comme Le Donjon de Naheulbeuk et les jeux de rôles, sur table (Donjons et Dragons) comme vidéo (Final Fantasy, Dragon Quest, Dragon Age… mais pas Zelda, ni The Elder Scrolls pour les épisodes solo). Mais Harry Potter ne suit pas ce schéma, pas plus que Dark Crystal, À la croisée des mondes, Narnia, Le Sorceleur, Le Trône de fer… D’où ce schéma archétypal vient-il et pourquoi tant d’œuvres s’en écartent-elles ?
La compagnie d’aventurier·ère·s, un ressort ludique ?
Ce schéma présente un avantage notable pour les jeux vidéo ou sur table : la possibilité de construire un jeu de rôles autour.
Après, à savoir si c’est la fantasy qui est allée piocher dans le jeu de rôles ou le jeu de rôles qui est allé piocher dans la fantasy… Le Seigneur des Anneaux ne s’est pas inspiré du jeu de rôles, et c’est bien Donjons et Dragons qui est allé puiser énormément à cette source. En revanche, Le Donjon de Naheulbeuk est ouvertement inspiré du jeu de rôles, bien que ce soit en tant que parodie.
Si les jeux de rôles dérivés de romans fantasy sont bien plus nombreux que l’inverse, force est de constater que la littérature fantasy est allée puiser son inspiration ailleurs. À moins qu’elle l’ait prise dans des jeux sans adaptation… Cette interrogation ne tient toutefois qu’en restant sous l’angle de vue des romans (et éventuellement films) de fantasy versus les jeux de rôle. Or de nombreux jeux vidéo de rôle dans un univers fantasy portent leur histoire à eux seuls, à commencer par les JDR japonais et notamment Final Fantasy.
La fantasy aux frontières du fantastique
Si la fantasy classique (high fantasy, light fantasy, parfois dark fantasy) semble aimer autant le groupe d’aventurier·ère·s, c’est peut-être aussi parce que ce dernier comporte deux avantages de poids : il présente et fait intervenir efficacement et naturellement toutes les races élaborées pour l’univers où se déroule l’histoire ; par ailleurs, il est un prétexte tout trouvé pour le voyage et l’aventure qui, en plus de faire avancer l’intrigue, font visiter au lectorat le merveilleux monde créé pour le roman.
De leur côté, les low et urban fantasy délaissent la randonnée pour lorgner du côté du fantastique. Ne s’embarrassant pas d’un tout nouveau monde complet, elles restent ancrées dans le monde du lectorat. Dès lors, quel besoin de se trimballer dix personnages plutôt que de centrer l’intrigue sur un unique protagoniste ? Bien loin de la fainéantise, nous trouvons là une économie dans le nombre de personnages à faire intervenir constamment (quel·le écrivain·e de fantasy mettant en scène une compagnie n’a pas malencontreusement « oublié » un personnage sur plusieurs pages ?), et donc un gain pour la profondeur du seul protagoniste auquel bien davantage d’attention sera accordée.
La fantasy, ou le paradoxe de la diversité des emblèmes
Finalement, ce qui ressort de la multiplicité des œuvres de fantasy, quelles soient romans, films, séries, jeux vidéo, jeux sur table… et qui transparaît très bien dans la classification hautement débattue des sous-genres, c’est la diversité incroyablement riche d’histoires que l’on peut pourtant ranger sous la même bannière. La fantasy, avec ses sous-genres et ses histoires, est à l’image des univers dans lesquels elle se déroule : des mondes, des peuples et des créatures aux traits marqués et aux identités fortes mais regorgeant d’une diversité foisonnante. Finalement, la fantasy ne se réclame pas d’un archétype, mais de toute une compagnie de schémas qui se rassemblent sous la bannière du merveilleux. L’élu et la compagnie, la prophétie et le voyage initiatique, la magie et les épées, le médiéval et le steampunk sont aussi emblématiques de la fantasy même sans forcément partager systématiquement le même récit. Loin de se limiter à un schéma unique, la fantasy s’évertue à nous faire rêver en jouant avec des archétypes aussi nombreux qu’un deck de cartes à jouer et à collectionner. Vous l’aurez compris, si j’aime autant la fantasy, c’est pour la variété des voyages qu’elle propose, tout en promettant toujours au moins une chose : le surnaturel sera au rendez-vous.
Et vous, quels sont vos schémas préférés en fantasy ou au contraire les archétypes qui vous fatiguent ? Dites-moi dans les commentaires !
À très vite !
Sarah T.