Dans « Processus d’écriture », je vous emmène découvrir mes méthodes de travail et la façon dont je passe d’une idée à un roman publié.
Au cours du billet précédent, je vous ai raconté comment j’écrivais le roman, sur un cahier puis sur un ordinateur. Mais une fois le deuxième jet terminé, le travail n’est pas fini ! Commence la longue et fastidieuse mais néanmoins cruciale phase de la (ou plutôt des) relecture.
La première relecture et deuxième récriture
Le deuxième jet achevé sur l’ordinateur, je le laisse reposer quelques jours, histoire de sortir mon nez du récit pour avoir un œil un peu plus frais. J’y reviens alors pour une première relecture intégrale, au cours de laquelle j’essaie de juger le roman dans son ensemble. Je ne m’attache pas encore aux détails de forme, mais je vérifie la cohérence globale, je repère les passages à retravailler, je continue à noter les mots sur lesquels me pencher lors de l’étape suivante… Je tente d’avoir un regard critique sur le roman dans sa globalité, sur son intrigue, la cohérence des personnages et des péripéties, ainsi que le style. Lors de cette étape, les récritures peuvent être conséquentes et on peut parler de troisième jet. C’est à ce moment que le récit prend sa première forme (presque) finale.
Les corrections de fond et de forme
Une fois le roman relu une première fois et les éléments ne me plaisant pas repris, j’obtiens une histoire achevée me convenant sur le fond. Je peux donc m’attaquer à l’étape dite de correction, au cours de laquelle j’opère une traque minutieuse de tous les éléments de fond et de forme qui méritent une vérification : orthographe, typographie, conjugaison, grammaire, noms propres, majuscules, pluriels, descriptions des personnages et des lieux, rythme des dialogues…
Je ne saurais que trop conseiller de confier cette étape à un·e correcteur·rice professionnel·le si vous en avez le budget.
Dans mon cas, je m’occupe de cette étape seule. Elle prend un temps non négligeable, car les éléments à vérifier sont très nombreux et demandent parfois de relire intégralement le roman. Elle ne donne habituellement pas lieu à de grosses récritures de fond, qui auront été faites lors des deux étapes précédentes, mais elle peut occasionnellement entraîner par exemple un changement de nom d’un personnage ou d’un lieu.
Lors de cette étape, je traque tous les petits détails de style et de forme de manière à obtenir une histoire que je peux montrer à un lectorat. Cette phase comporte des points structurés selon un plan que je peaufine roman après roman. Elle me demande du temps, une énorme concentration et beaucoup de motivation. Je garde en ligne de mire les étapes finales !
La bêta-lecture et les dernières corrections (ou la troisième récriture)
Lorsque le roman me paraît présentable, que le fond est achevé et la forme soignée, je le soumets à une bêta-lecture. Du moins, c’est ce que j’ai fait pour mes deux premiers romans publiés et pour celui en cours de préparation au moment où je rédige ce billet. Je souhaitais avoir un œil extérieur de confiance pour détecter des éléments qui auraient pu m’échapper… et savoir si je travaillais pour rien sur un torchon !
Les retours de bêta-lecture sont parmi les plus difficiles à traiter, non pas parce qu’ils seraient fastidieux (contrairement aux corrections ortho-typo), mais parce qu’ils peuvent être durs à entendre et demandent toujours un choix. Avoir un regard extérieur sur son histoire qui trouve mauvais certains éléments qu’on aimait bien, cela peut être compliqué à accepter. On peut s’apercevoir à cette occasion d’une très grosse erreur commise dans tout le roman (voire dans les romans précédents !) qu’on n’avait pas remarquée. De plus, le retour de bêta-lecture s’attarde naturellement sur les points problématiques plutôt que sur ce qui fonctionne. On peut donc avoir l’impression que notre roman est nul ! Enfin, sur chaque remarque, on se pose la question de savoir comment la prendre en compte : doit-on suivre les suggestions ou persister à sa guise ?
Cette étape est plus éprouvante que les précédentes : si ces dernières demandaient beaucoup de temps, de créativité, de minutie et d’endurance, celle-ci requiert suffisamment de confiance en soi pour faire face à ses propres erreurs de fond et les corriger. Si les autres étapes tenaient davantage de la création et du peaufinage, celle-ci prend des airs d’évaluation, ou de pré-évaluation avant la sanction finale par le lectorat lui-même.
Heureusement, elle constitue la dernière épreuve à franchir avant la phase finale (et non des moindres) : la publication.
À suivre !
Sarah T.