Dragons

Parmi les créatures emblématiques de la fantasy, les dragons figurent sans doute en bonne place. Faisons ensemble un petit tour de nos lézards volants préférés.

Si un dragon me vient en premier à l’esprit, c’est bien Smaug, le dragon qui s’est emparé d’Erebor dans Le Hobbit de J. R. R. Tolkien. On retrouve là une figure correspondant au dragon classique des contes merveilleux : une créature sanguinaire, avide de richesses, qu’un preux chevalier est chargé d’occire. À ceci près peut-être que le dragon de Tolkien ne se limite pas à une créature qui impressionne par ses attributs physiques, mais fait montre aussi d’une intelligence et d’une sournoiserie remarquables.

Si le dragon de Tolkien ne manque pas de classe, cette vision du dragon comme d’une créature maléfique est peut-être parfois un peu triste, comme la vision du méchant loup qui a presque conduit à l’extermination de cette espèce. Heureusement, d’autres œuvres ont présenté les dragons comme des créatures certes puissantes et impressionnantes, mais aucunement belliqueuses. On peut ainsi citer les dragons de Harry Potter qui, s’ils n’ont rien d’adorables Boursoufs, n’en restent pas moins des animaux comme les autres, que certains sorciers et certaines sorcières s’efforcent heureusement de protéger.

Non moins impressionnants, mais plus amicaux encore (du moins si vous faites parties de leurs allié·e·s…), les dragons de Daenerys Targaryen. Ceux-ci peuvent être approchés et même dressés… mais seulement par leur mère.

D’autres lézards volants se montrent plus dociles et amicaux encore si l’on sait comment s’y prendre. Comment ne pas citer les adorables créatures du film Dragons de DreamWorks ? Si les différents types de dragons ne sont pas toujours détaillés dans les histoires, ils sont ici bien répertoriés. Je suis certaine que vous avez votre préféré 😉 Pour moi, c’est sans surprise le Furie nocturne… Dites-moi le vôtre dans les commentaires !

Les dragons amis et alliés sont relativement fréquents dans les films d’animation. Le plus emblématique d’entre eux est peut-être Mushu, le dragon protecteur de la Mulan de Disney (celle en animation, bien entendu), qui montre à mon sens que même sans grande vertu encensée par la société, on peut faire des miracles avec ses propres qualités, aussi décalées soient-elles des attentes de notre entourage.

Bien moins connus, leur film n’ayant pas rencontré le même succès, Devon et Cournouailles, les dragons jumeaux d’Excalibur, l’épée magique. Si Mushu ne dispose finalement pas de sa propre chanson dans Mulan, Devon et Cournouailles ont droit à leur duo qui m’est personnellement resté en tête jusqu’à aujourd’hui.

Je ne résiste pas au plaisir de vous mettre la vidéo…

Toutefois, tous les dragons de films d’animation ne sont pas d’adorables créatures ou de grands comiques. Citons en effet les vouivres du Seigneur des Ténèbres dans Taram et le chaudron magique. Elles ont certes un rôle relativement mineur dans le film et ne sont même pas nommées, mais elles sont au cœur de la scène terrifiante de l’enlèvement de Tirelire.

Plus ambiguë et avec une personnalité un peu plus riche, la Dragonne de Shrek. La pauvre n’a cependant même pas droit à un nom (comme l’Âne, sauf à considérer que Dragonne est son nom). Elle a en revanche droit une personnalité qui ne se place ni du côté des méchants dragons sanguinaires ni de celui des adorables peluches, mais du sien propre, de ce qui l’intéresse (en l’occurrence, principalement l’Âne).

D’autres dragons sortent de la dichotomie du bien et du mal. Citons ainsi Haku, du Voyage de Chihiro. Si les dragons de fantasy sont parfois des solitaires agissant pour leur propre compte, parfois des envoyés du mal, Haku est, lui, un prisonnier de la sorcière Yubaba et peut-être plus encore un prisonnier des humains qui l’ont connu sans lui prêter une grande attention (je ne vous gâche pas le film pour celles et ceux qui ne l’ont pas vu :p)…

Mais qu’ils soient de parfaits compagnons de jeu ou de terrifiantes créatures démoniaques, les dragons se rassemblent sur leurs capacités et leurs attributs physiques particuliers (oui, même Mushu). Cracher du feu (ou parfois de la glace), posséder une peau aussi dure que le diamant, voler, être affublé de griffes et de pointes… Autant d’aptitudes qui en font de parfaits personnages de jeux vidéo. Encore une fois, le choix est laissé entre les adversaires puissants et dangereux de Skyrim (The Elder Scrolls V), les alliés adorables et non moins puissants de Pokémon (Dracaufeu, Dracolosse, Drattak, Trioxhydre…)… ou les personnages plus ambigus, comme les dragons de The Witcher 2 (je ne cite pas de nom, pour ne pas vous gâcher le jeu si vous n’y avez pas encore joué).

Qu’en est-il des dragons dans Angélique Hacker ? J’ai choisi pour ma part leur représentation en tant que créatures comme les autres, sages, avec lesquelles on peut communiquer et marchander, mais qui préfèrent vivre de leur côté. Les Dragons possèdent aussi leur constellation, l’une des plus puissantes : capacité d’attaque et de défense à la fois, elle est l’une des plus difficiles à invoquer et prend une forme différente pour chaque personne.

Et vous, quels sont vos dragons préférés de fiction ? Dites-moi dans les commentaires !

À très vite !

Sarah T.

Playlist musicale pour romans fantasy

Pour écrire des romans, j’ai besoin de cahiers, de stylos et crayons, d’un ordinateur, de beaucoup de motivation et de ténacité… mais surtout de musique. C’est bien elle qui, avec les livres, films et jeux vidéo que j’apprécie, me fournit le plus d’inspiration. Je vous propose aujourd’hui une petite liste de lecture musicale pour, pourquoi pas, accompagner votre lecture d’Angélique Hacker !

« May It Be », Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l’Anneau

« I See Fire », Le Hobbit : La Désolation de Smaug

« The Battle », Le Monde de Narnia : Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique

« Main Title », Game of Thrones

« The Chamber of Secrets », Harry Potter et la Chambre des Secrets

« The Fields of Ard Skellig », The Witcher 3

« Alice’s Theme », Alice au Pays des Merveilles

« Test Drive », Dragons

« The City Gates », The Elder Scrolls V: Skyrim

« Tower of Spirits (Dungeon) », The Legend of Zelda: Spirit Tracks

« Eternity », Final Fantasy X-2

« Dearly Beloved », Kingdom Hearts

« Star Guardian 2019 », League of Legends

« Lake Harami », Ôkami

J’espère que vous avez apprécié ce (tout petit) échantillon des musiques que j’aime écouter pour écrire et lire de la fantasy. N’hésitez pas à proposer les vôtres en commentaires !

À très vite !

Sarah T.

Écrire un roman jusqu’au bout

On m’a parfois demandé comment j’avais fait pour écrire un roman de A à Z. Voici les trois choses qui, selon moi, m’ont permis de mener jusqu’au bout le projet Angélique Hacker, de la conception des personnages à la publication du livre.

Avoir suffisamment préparé le projet

Cela m’est déjà arrivé sur plusieurs projets d’écriture, et notamment un roman : j’avais une idée que je trouvais géniale, j’avais des personnages, une ébauche d’intrigue, des images dans ma tête… et c’était tout. Le scénario n’était pas assez développé, l’idée incomplète, l’univers encore bancal. J’ai commencé à écrire… puis j’ai abandonné. Je ne trouvais plus rien à écrire. Non pas comme une page blanche : j’ai eu à de nombreuses reprises, y compris pour Angélique Hacker, des difficultés pour trouver comment avancer d’une péripétie à une autre ou comment entamer un chapitre, mais ces problèmes finissaient par se résoudre. Cette fois, c’était plutôt comme si le roman n’avait rien du tout à raconter. L’idée avait perdu de son intérêt.

Morale de l’histoire : un roman terminé est un projet qui a demandé non seulement de très nombreuses heures d’écriture, de réécriture, de correction, de mise en page… mais aussi un temps colossal de réflexion, de recherche d’idées, de rédaction de fiches, d’élaboration des personnages jusque dans des détails qui n’apparaîtront jamais dans l’histoire et de conception d’une intrigue pas à pas jusque dans la description complète de la moindre liaison entre deux péripéties. Élaborer un roman prend beaucoup de temps, aussi bien pour sa rédaction que pour toutes les autres tâches nécessaires.

Avoir « l’écriture dans l’âme »

Je risque peut-être de décevoir les plus poétiques d’entre vous qui voudraient voir un talent pour l’écriture dans chaque personne. Non, je ne pense pas que tout le monde soit fait pour écrire. Tout le monde peut écrire, mais concevoir un roman de A à Z demande bien plus que de faire courir un crayon sur une feuille. N’importe qui peut rédiger une petite histoire, une nouvelle, un poème, un journal intime… pour s’amuser. Mais peu d’entre nous affrontent tous les mauvais côtés et les inconvénients de cette activité. Tout le monde n’est pas fan de cuisine, de bricolage ou de jardinage. Certaines personnes aiment coder des applications, d’autres préfèrent créer des bijoux, d’autres encore veulent plutôt photographier des paysages.

Ce n’est pas lorsque écrire vous fait du bien mais lorsque ne pas écrire vous fait du mal que l’écriture est votre mission. Ce n’est pas lorsque vous avez une idée d’histoire mais lorsque vous êtes prêt·e à mettre les mains dans le cambouis du HTML pour mettre en forme votre livre numérique, alors que vous n’avez jamais appris à coder autrement qu’en C, que l’écriture est votre vocation. Ce n’est pas lorsque vous avez terminé un chapitre mais lorsque vous relisez le même passage pour la énième fois sans broncher que l’écriture est votre passion. J’aime bien cuisiner (surtout des gâteaux…), mais si je suis satisfaite quand mon plat est réussi, je me décourage assez vite lorsque la recette ne fonctionne pas et n’ai pas la motivation de trouver une solution. Je suis capable de cuisiner, mais j’ai admis que la cuisine n’était pas spécialement ma passion. Pour l’écriture, c’est la même chose : vous pouvez écrire, mais de là à rédiger un roman en entier, on est face à un gouffre. La bonne nouvelle, c’est que tout le monde n’a pas à devenir écrivain·e comme tout le monde n’a pas nécessairement à devenir pâtissier·ère !

Trouver du soutien ou du temps

Écrire un roman demande d’abord un support d’écriture : un cahier et un crayon ou un ordinateur. Ensuite, des idées : des personnages, une intrigue, un univers… Puis un certain talent d’écriture et beaucoup de motivation comme expliqué plus haut. On pourrait croire que cela suffit (et cela fait déjà beaucoup !). Pourtant, à mes yeux, une chose encore pourra avoir une grande influence sur votre capacité à mener ce projet à bien : un environnement favorable.

La motivation se trouve aussi bien à l’intérieur de soi qu’à l’extérieur : comme je l’ai dit plus haut, vous avez besoin d’une certaine vocation et surtout d’une réelle envie pour mener une tâche à bien ; mais l’entourage joue un rôle majeur sur votre niveau de motivation. En effet, comment écrire si personne ne vous soutient, ne croit en vous, ne vous encourage, ne vous félicite ? Certaines personnes arrivent à se motiver sans l’aide des autres, mais elles sont relativement rares. Pour les autres, la difficulté vient du fait qu’aujourd’hui, le métier d’écrivain·e est sous-évalué. Que faire quand la société entière vous crie que votre activité n’est « qu’un hobby et pas un travail » ? L’impératif est de parvenir à dégager suffisamment de temps pour travailler à votre roman dans votre coin et trouver l’énergie de le terminer sans cette force incroyable qu’une réelle approbation peut apporter. Un travail en soi, non négligeable dans le processus de rédaction d’un roman.

Voici comment j’ai ressenti les choses lors de l’écriture d’Angélique Hacker. J’espère que cette petite excursion dans mon processus de rédaction vous aura intéressé·e·s !

À très vite !

Sarah T.

Mes 5 films de fantasy préférés

Début novembre, je vous avais parlé de mes cinq livres de fantasy préférés. J’écris ce que j’aimerais lire, aussi les livres que j’ai aimés m’ont-ils inspirée. Mais j’écris aussi ce que j’aimerais voir : je conçois mes scènes comme si elles étaient tirées d’une adaptation cinématographique du roman. C’est pourquoi les films m’inspirent autant que les livres. Je vous propose de découvrir mes cinq préférés dans le genre fantasy.

Je ne juge ici que le film, pas l’équipe du film, ni l’œuvre originale (et son auteur·rice) si elle existe.

  1. Le Seigneur des Anneaux (Peter Jackson, 2001-2003)

À mes yeux, la trilogie du Seigneur des Anneaux réalisée par Peter Jackson concentre le meilleur de la fantasy, de l’épique et du grand spectacle de cinéma. Le nombre de scènes culte, de répliques emblématiques, de plans à couper le souffle (paysages et décors) et d’envolées musicales grandioses est tout bonnement impressionnant. Même en le connaissant par cœur, impossible de ne pas frémir… presque à chaque scène, puisque toutes sont entrées dans la légende.

Lorsque j’ai besoin d’une bonne dose de cacao pur et dur, je mange du chocolat à 99 %. Lorsque j’ai besoin d’une bonne dose de fantasy pure et dure, je regarde Le Seigneur des Anneaux.

  1. Ex aequo : Harry Potter et la Chambre des Secrets (Chris Colombus, 2002) et Harry Potter et l’Ordre du Phénix (David Yates, 2007)

Pourquoi spécifiquement le 2 ? Parce qu’il est, à mon avis tout à fait subjectif, la meilleure adaptation des huit films. Je le trouve visuellement très beau, musicalement parfait et il a su pour moi sublimer le livre. À partir du troisième, tous les films ont perdu quelque chose des livres, la faute au format de deux heures qui ne permet pas de rendre hommage à un roman de plusieurs centaines de pages. Mais les deux premiers ont su rendre presque tout ce qui faisait l’effet waouh des livres. Le deuxième a ce petit côté à la fois épique et horrifique en plus, que je trouve particulièrement bien rendu dans la scène du combat contre le Basilic.

Pourquoi ex aequo avec le 5 ? Parce que si le 2 est (avec le 1) bien plus proche des livres que les autres, si son esthétique colle pour moi le mieux à l’univers, il comporte néanmoins quelques défauts majeurs, à commencer par une certaine psychophobie dans quelques scènes qui cassent les efforts déployés. En revanche, si le 5 se trouve largement dépouillé de nombreux éléments du livre le plus long de la série, son propos est beaucoup plus réfléchi, avec quelques scènes clés dont les dialogues me restent encore en mémoire.

  1. Le Monde de Narnia, Chapitre 1 : Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique (Andrew Adamson, 2005)

Je disais que Le Seigneur des Anneaux par Peter Jackson est ma dose de fantasy pure et dure : je parlais de fantasy très adulte avec un niveau non négligeable de baston (j’ai un faible pour la bataille d’Isengard, et vous ?). Narnia est ma dose de fantasy adolescente. Je trouve ce film joli. Sa bande sonore me fait autant frémir que celles de Harry Potter ou du Seigneur des Anneaux. À mon sens, un énorme effort a été fait sur les habitants et habitantes de Narnia (contrairement à une autre adaptation que je ne citerai pas et qui a négligé totalement l’aspect le plus merveilleux du roman original…). Un film que j’aime regarder quand j’ai besoin de retrouver de cette magie de l’enfance qui vous fait penser que tout est possible.

  1. Dragons (Dean DeBlois, Chris Sanders, 2010)

J’affectionne autant les films d’animation que ceux en prises de vues réelles. Si les trois précédents ont eu sur moi cet effet waouh d’abord à cause de ce qu’ils vous envoient dans la rétine (et qui vous forge à jamais votre imaginaire en matière de créatures ou de décors), Dragons m’a impressionnée par son histoire et par sa bande-son. En y réfléchissant, me direz-vous, l’histoire est aussi banale que celles du Seigneur des Anneaux ou de Narnia sont manichéennes. Mais je la trouve si bien réalisée qu’elle vous emmène sans avoir à faire voyager ses personnages aux quatre coins d’une immense carte [1]. Et surtout… sa musique ! Le point commun des quatre premiers films de cette sélection (en dehors du genre fantasy) est leur bande originale, un élément qui prend une grande part dans l’appréciation que j’ai de l’œuvre. Pour Dragons, elle est de celles qui me font pleurer rien qu’en les écoutant sans même regarder le film.

  1. Taram et le chaudron magique (Ted Berman, Richard Rich, 1985)

Je voudrais vous parler de ce mal-aimé des studios Disney. À sa sortie en 1985, en pleine période difficile pour la firme, Taram et le chaudron magique a été un échec monumental. Je ne sais pas si j’ai une tendance à préférer les films les moins aimés de Disney (La Planète au trésor et Atlantide !), mais j’ai adoré cette adaptation des Chroniques de Prydain (que je n’ai pas encore lues). Certes, les personnages gagneraient à dépasser un peu les archétypes (surtout Eilonwy), mais on est là dans de la fantasy bien sombre qui a su captiver la petite fille que j’étais. Et qui la captive encore aujourd’hui.

Et vous, quels sont vos films de fantasy préférés ? Dites-moi dans les commentaires !

À très vite !

Sarah T.

[1] : J’ai remarqué que je jugeais plus durement les histoires de fantasy qui conservent une unité de lieu. Est-ce parce que j’associe la fantasy au voyage ?

Galamir, le roi des Elfes et leurs racines

Le premier peuple du Mäasgard que rencontre Angèle est un emblème de la fantasy. Explorons un peu les inspirations elfiques qui ont influencé l’écriture de Galamir et ses semblables.

Les elfes de Tolkien : piliers de la fantasy

Quand on dit elfe, on pense immédiatement à J. R. R. Tolkien. L’auteur a en effet largement contribué à former l’image de l’elfe la plus utilisée et la plus connue de la fantasy. L’elfe d’Arda, grand, élancé, aux oreilles pointues, raffiné, cultivé, proche de la nature, incroyablement beau et talentueux dans le maniement de l’arc, constitue désormais l’archétype de l’elfe de fantasy, dans sa version classique dite lumineuse, déclinée en haut-elfe, elfe des bois, elfe sylvain… On le retrouve ainsi dans beaucoup d’œuvres de fantasy, comme Donjons & Dragons, Warhammer, Les Chroniques de la guerre de Lodoss, Les Légendaires… Même les œuvres parodiques partent de l’archétype de l’elfe tolkienien pour le caricaturer : ainsi, les elfes du Donjon de Naheulbeuk sont hautains et talentueux architectes pour les hauts-elfes, naïfs et amateurs de coiffage de poneys pour les elfes sylvains.

Avant Tolkien, les elfes existaient déjà, mais sous une autre forme. On les décrivait plutôt comme des êtres de petite taille, farceurs et possédant des pouvoirs magiques. Membres du « Petit Peuple », ces êtres merveilleux n’avaient pas encore pour attributs l’adresse à l’arc ou l’apparence svelte.

Dans la fantasy actuelle, un autre archétype, non tolkienien, occupe une place presque aussi importante que l’elfe lumineux : l’elfe noir, opposé ténébreux du premier, adepte des arts occultes. Inspiré des elfes de la mythologie nordique, on les retrouve fréquemment, en particulier dans les jeux de rôles.

The Elder Scrolls : varier l’archétype

Une autre œuvre que le légendaire tolkienien possède à mon sens un folklore elfique particulièrement développé, dans lequel les elfes ne sont pas simplement « des persos aux oreilles pointues à côté des humains », mais représentent bien un système complexe de différentes races possédant chacune son histoire, ses coutumes et ses caractéristiques. Je veux parler de The Elder Scrolls. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas, The Elder Scrolls est une série de jeux vidéo de type RPG (à l’heure actuelle, cinq RPG et un MMORPG, sans compter le jeu de cartes virtuel), se situant dans le monde de Tamriel. On y trouve de nombreuses races, dont pas moins de onze elfiques [1].

Je trouve intéressant de voir comment l’archétype tolkienien est ici découpé et remanié, chaque race de Mer (le nom des elfes dans The Elder Scrolls) adoptant une caractéristique de l’archétype et d’autres traits complètement différents. Ainsi, les Altmers (Hauts-Elfes) ont le côté guindé et hautain, ainsi que le talent architectural et la puissance magique de l’elfe tolkienien, mais contrairement à celui-ci, ce peuple méprise totalement les autres races de Tamriel et préfère largement la vie citadine à la vie dans les bois ; les Bosmers (Elfes des bois) possèdent le talent pour l’arc et la proximité avec la nature, mais ce dernier trait est poussé au point que ces elfes deviennent exclusivement carnivores afin de ne pas toucher aux plantes vénérées ; et ainsi de suite.

Les elfes de The Elder Scrolls intègrent aussi les autres archétypes et caractéristiques d’elfes non-tolkieniens. Ainsi, les Bosmers retrouvent une petite taille, plus proche des elfes pré-tolkieniens, et les Dunmers exploitent le type de l’elfe noir.

Déclinaisons elfiques

On trouve d’autres variations elfiques intéressantes dans de nombreuses œuvres. Citons notamment les Aén Seidhe de The Witcher. Si les elfes de Tolkien quittent pacifiquement la Terre du Milieu après l’avoir dominée longtemps, les Aén Seidhe se retrouvent en position de peuple opprimé par les humains gagnant en puissance.

Les Gelflings de Dark Crystal se rapprochent bien davantage de l’elfe pré-tolkienien : un membre du « Petit Peuple » à l’apparence de lutin, plus petit et plus espiègle. De même, les « elfes » d’Artemis Fowl désignent les différents représentants du Peuple, petits êtres magiques vivant sous terre. Dans Taram et le chaudron magique, les elfes se rapprochent encore davantage de ce que nous appelons plus souvent les fées.

World of Warcraft pour sa part semble avoir quelque peu laissé de côté les elfes lumineux (représentés par les elfes de sang) pour mettre davantage l’accent sur les déclinaisons d’elfe noir en elfes de la nuit et elfes du vide…

Les Elfes d’Angélique Hacker

Dans Angélique Hacker, les Elfes du Mäasgard ont été construits à partir de l’archétype tolkienien : un physique gracieux, de grandes aptitudes à l’arc et un goût certain pour l’architecture. J’ai en revanche abandonné le côté orgueilleux ou hautain qu’on prête souvent aux elfes lumineux. Les Elfes de Sandragon sont le tout premier contact d’Angèle avec le Mäasgard, après Gédéon. Je souhaitais donc en faire un peuple particulièrement bienveillant, accueillant et chaleureux, tout à fait merveilleux et rassurant. Galamir permet ainsi à Angèle d’entrer tout en douceur dans le Mäasgard, avant les péripéties plus périlleuses qui l’attendent dans la suite du récit.

J’ai aussi délaissé leur traditionnelle rivalité avec le peuple des Nains et Naines, préférant opposer ce dernier aux Géants et Géantes. Je n’ai pas non plus utilisé l’archétype de l’elfe noir pour cette histoire : la première raison est qu’à l’époque où j’ai commencé ce livre, je ne connaissait pas encore très bien ce type d’elfes ; la deuxième est que le nombre de peuples du Mäasgard me paraissait déjà bien élevé pour un seul roman (d’ailleurs, à l’origine, le peuple des Nains et Naines devait figurer dans l’histoire, non pas comme un peuple disparu, mais bien présent).

J’espère que cette petite escapade elfique dans la fantasy vous aura intéressé·e·s et donné envie de découvrir la forêt de Sandragon !

À très vite !

Sarah T.

[1] : Si on compte les quatre races Mers jouables (Altmer, Bosmer, Dunmer, Orsimer), ainsi que les races disparues (Aldmer, Ayléides, Chimers, Dwemer, Falmer, Maormer et Elfes gauchers).